De grands metteurs en scène, de grands compositeurs, des pépites... une nouvelle saison encore plus riche et audacieuse, qui s'ouvre également vers d'autres scènes et vous fera voyager à Barcelone, Amsterdam ou encore Vienne !
L'Opéra de Paris sera à nouveau à l'honneur à Concarneau, Laval, Saint-Sébastien-sur-Loire, Hénin-Beaumont et Les Ponts-de-Cé pour une saison 2018-2019 qui ravira les amateurs mais aussi les non-initiés désireux de découvrir un opéra dans les conditions techniques optimales (son HD, image numérique) pour des spectacles flamboyants.
« De jour, elle obscurcit la lumière de Dieu et, la nuit, elle éclaire la terre ; un croissant sous sa tresse brille, et sur son front une étoile scintille. »
- Alexandre Pouchkine, Conte du Tsar Saltan
En composant Le Lac des cygnes, Tchaïkovski s’empare de la légende de l’oiseau immaculé pour créer l’une des plus belles musiques jamais écrites pour le ballet. Les chorégraphes Marius Petipa et Lev Ivanov donneront leurs lettres de noblesse à l’histoire de cet amour impossible entre un prince terrestre et une princesse-oiseau, et façonneront à leur tour le mythe de la danseuse‑cygne, ballerine par excellence. En créant en 1984 sa version pour le Ballet de l’Opéra de Paris, Rudolf Noureev choisit de lui donner une dimension freudienne, éclairant d’une profondeur désespérée le rêve poétique de Tchaïkovski.
Du projet initial de Chostakovitch – consacrer une trilogie aux destins tragiques de femmes russes à travers les âges – ne demeura qu’un opéra coup-de-poing : Lady Macbeth de Mzensk. S’il est l’un des puissants ressorts de l’oeuvre, l’intertexte shakespearien est ici bien amer : contrairement à Lady Macbeth, Katerina Ismailova – qui, dans la Russie profonde du XIXe siècle, tombe amoureuse d’un employé de son mari et sera finalement acculée au suicide – est moins manipulatrice que victime d’une société violente et patriarcale. Krzysztof Warlikowski libère aujourd’hui la force de subversion de cette oeuvre brûlante et scandaleuse, qui a marqué les premières années de l’Opéra Bastille.
Le célèbre conte de Charles Perrault, mis en musique par Sergueï Prokofiev, est transposé dans un décor de cinéma où se succèdent les références aux héros du 7e art américain. Rudolf Noureev propulse sa Cendrillon sous les sunlights hollywoodiens. Avec un producteur pour fée marraine et un acteur vedette comme prince charmant, elle échappe à son destin misérable et voit ses rêves s’accomplir. Une histoire qui n’est pas sans rappeler celle du chorégraphe, jeune Tatar devenu star internationale. Avec ce « ballet‑métaphore », la Compagnie rend hommage à Rudolf Noureev qui fut son directeur. Un grand spectacle qui fête l’entrée dans l’année anniversaire de l’Opéra de Paris.
Quel est ce feu qui pousse Don Giovanni à séduire, à soumettre, à conquérir les femmes une à une, avec la fièvre et la froideur du prédateur ferrant sa proie, à poursuivre à travers elles un obscur objet qui toujours se dérobe à lui ? Pour sa deuxième collaboration avec Da Ponte, Mozart devait marquer au fer rouge l’histoire de l’opéra et hanter à jamais la culture européenne. Kierkegaard nous invitait à écouter dans ce Dissolu puni « le chuchotement de la tentation, le tourbillon de la séduction, le silence de l’instant ». Le cycle Mozart-Da Ponte se poursuit avec Don Giovanni confié à Ivo Van Hove. Habitué à interroger le sens politique des œuvres, le metteur en scène réalise, après Boris Godounov, sa deuxième mise en scène pour l’Opéra de Paris.